Dans Matthieu 18/21-22, nous lisons ceci : Alors Pierre s'approcha de lui (Jésus), et dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ? 22 Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois. Jésus nous montre par cette réponse qu’il n’y a pas un nombre limité de pardon. Nous devons pardonner notre prochain autant de fois qu’il se repent.
Dans Luc 17/3-4, Jésus dit : « Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le; et, s'il se repent, pardonne-lui. 4 Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant : Je me repens,-tu lui pardonneras. »
Le pardon: une manifestation de la grâce reçue de Dieu
Pourquoi Jésus nous demande-t-il de manifester autant de grâce envers notre prochain ? C’est Parce que nous-mêmes nous avons bénéficié de cette même grâce de la part de Dieu le Père. Il nous a graciés de tous nos péchés alors que nous sommes venus à lui. Nous devons en retour user de cette grâce envers notre prochain, comme signe de reconnaissance envers Dieu le Père. Mais celui qui refuse de gracier son prochain, sera semblable au serviteur de la parabole narrée par Jésus dans Matthieu 18/23-35, qui dit :
« 23 C'est pourquoi, le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut faire rendre compte à ses serviteurs. 24 Quand il se mit à compter, on lui en amena un qui devait dix mille talents. 25 Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu'il fût vendu, lui, sa femme, ses enfants, et tout ce qu'il avait, et que la dette fût acquittée. 26 Le serviteur, se jetant à terre, se prosterna devant lui, et dit : Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout. 27 Emu de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller, et lui remit la dette. 28 Après qu'il fut sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. Il le saisit et l'étranglait, en disant : Paie ce que tu me dois. 29 Son compagnon, se jetant à terre, le suppliait, disant : Aie patience envers moi, et je te paierai. 30 Mais l'autre ne voulut pas, et il alla le jeter en prison, jusqu'à ce qu'il eût payé ce qu'il devait. 31 Ses compagnons, ayant vu ce qui était arrivé, furent profondément attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. 32 Alors le maître fit appeler ce serviteur, et lui dit : Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette, parce que tu m'en avais supplié; 33 ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi ? 34 Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait. 35 C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. »
Ce passage nous montre que le pardon n’est pas négociable surtout pour les chrétiens à qui Dieu a pardonné les péchés au prix du sang de Jésus. Dieu a eu pitié de nous et nous a pardonné lorsque nous l’avons supplié. Le Seigneur dans cette parabole a remis la dette entière à son serviteur ; de même Dieu nous a pardonné tous nos péchés lorsque nous sommes venus à lui. Alors que Dieu nous a remis une grande dette, nous sommes tentés de refuser des moindres pardons à notre prochain. La conséquence lorsque nous refusons de pardonner à notre prochain, c’est que notre Père céleste nous livre aux bourreaux comme l’a fait ce Seigneur a son serviteur ingrat. En effet celui qui refuse de pardonner même une énième fois, se met lui-même sous la loi et non plus sous la grâce. Sous la loi, c’est œil pour œil, dent pour dent. Dans Deutéronome 19/21, la loi de Moise dit : Tu ne jetteras aucun regard de pitié : oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied. Celui qui agit selon la loi, agit selon le principe du mérite et du jugement.
Dans Matthieu 6/14-15 Jésus dit : 14 Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; 15 mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.
Dans Matthieu 7/1-2, il dit encore : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. 2 Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. »
Si donc nous refusons le énième pardon à celui qui se repent la énième fois, Dieu lui aussi nous posera cette même limite dans le pardon lorsque nous viendrons à lui nous repentir.
Le principe de la grâce, c’est que nous devons gracier notre prochain comme Dieu nous a graciés de nos péchés. Ephésiens 4/32 dit: Soyez bons les uns les envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.
Avoir la révélation de la grâce et de la miséricorde de Dieu
Notre désir de pardonner est lié à la révélation que nous avons eue de comment Dieu aussi nous a pardonné. Luc 7/47 dit : Celui à qui on pardonne peu aime peu.
Si dans notre cœur nous n’avons pas beaucoup de choses à nous reprocher au regard de Dieu, il nous sera difficile de pardonner notre prochain car nous jugerons que nous sommes mieux que lui. Quant à celui qui s’estime lui-même avoir fait beaucoup de mal mais a reçu le pardon de Dieu, celui-là a une profonde révélation du pardon.
Gardons-nous de nous estimer mieux que les autres, les jugeant et les condamnant. Que celui qui hait son frère dans son coeur ne s’estime pas mieux que celui qui tue son frère, car ils sont semblables selon 1 Jean 3/15. Que celui qui se met en colère contre son frère ne s’estime pas mieux que celui qui a tué son frère, car ils sont semblables selon Matthieu 5/21-22. Que celui qui convoite la femme d’autrui dans son cœur en secret ne s’estime pas mieux que celui qui a commis avec elle l’adultère, car ils sont pareils aux yeux de Dieu selon Matthieu 5/28.
Matthieu 7/3-5 dit : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? 4 Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le tien ? 5 Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère ».
C’est souvent celui qui s’estime être mieux que son prochain qui a tendance à lui refuser le pardon. Dans le refus de pardonner il y a donc de l’orgueil, du jugement, et de la condamnation. Mais celui qui ne se lasse pas de pardonner, a connu la grâce de Dieu, est dans l’humilité, et refuse de condamner, puisqu’il n’a lui-même pas été condamné par Dieu.
Comment arriver à pardonner son prochain ?
Tout d’abord, le pardon est une décision que l’on doit prendre. Il ne faut pas attendre de ressentir quelque chose de bien dans son âme avant de prendre la décision. Tout acte que l’homme pose vient toujours d’une décision dans son cœur. Identifiez donc clairement les fautes de votre prochain qui vous ont blessées et prenez la ferme décision dans votre cœur de lui pardonner. Il ne s’agit pas ici de « pouvoir » pardonner mais de « vouloir » pardonner. C’est lorsque vous voulez pardonner que vient ensuite le pouvoir pardonner. D’abord le « vouloir » et ensuite le « pouvoir ».
Celui donc qui a pris la décision de pardonner son prochain peut maintenant se tourner vers l’aide qui lui est accordée par Dieu. Cette aide est l’amour.
Proverbes 10/12 dit que l'amour couvre toutes les fautes. 1 Pierre 4/8 dit que l’amour couvre une multitude de péchés. 1 corinthiens 13/7 dit : [L’amour] pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. Tous ces passages nous montrent que c’est grâce à l’amour que nous pouvons pardonner notre prochain. Toutefois on ne parle pas dans ces passages de l’amour que l’on ressent comme un sentiment dans l’âme. Non, cet amour est plutôt une capacité trouvée dans notre esprit qui vient de Dieu et qui nous donne le pouvoir de pardonner.
Romains 5/5 nous dit que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. C’est le Saint-Esprit qui répand dans notre cœur cet amour qui nous permet de pardonner notre prochain. L’amour est Le fruit de l’Esprit selon Galates 5/22. Si vous êtes rempli de l’Esprit et qu’il vous conduit, vous aurez plus de facilité à pardonner votre prochain.
Comment savoir que l’on a pardonné vraiment son prochain ?
D’abord, le pardon vous amène à arrêter d’être irrité contre votre prochain. L’irritation, la haine, l’amertume ou la colère cessent lorsque l’amour rempli votre cœur, et vous arrêtez de ressasser sans cesse les choses qui vous ont blessées. Avec le pardon vous ne souhaitez pas le mal à votre prochain, vous ne souhaitez pas vous venger. Lorsqu’il lui arrive un malheur, vous ne vous réjouissez pas. La Bible dit dans 1 corinthiens 13/6 que l’amour ne se réjouit pas de l’injustice. Lorsque vous pardonnez, vous n’allez plus chercher à éviter votre prochain. Il ne s’agit pas d’être forcément ami avec lui, mais vous ne cherchez plus à éviter de voir son visage.
Si la personne vous veut du mal, ou vous persécute l’amour vous amène à prier pour lui pour qu’il change et non qu’il meurt ou qu’un malheur lui arrive. Dans Ezéchiel 18/23 l’Eternel dit : « Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? [dit le Seigneur, l'Eternel]. N'est-ce pas qu'il change de conduite et qu'il vive ? ». Dans Ezéchiel 33/11, il dit encore: « ce que je désire, ce n'est pas que le méchant meure, c'est qu'il change de conduite et qu'il vive ».
Celui donc qui souhaite pour que le méchant meurt, ou que quelque chose de mal lui arrive, n’a pas connu le cœur de Dieu. Luc 15/7 dit : « il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance ». On voit par-là que la repentance d’un pécheur produit plus de joie à Dieu, même plus que les louanges et les actes de bienveillance des justes.
Lorsque vous pardonnez de tout votre cœur, vous intercédez pour celui qui vous persécute, vous maltraite. Lorsque cette personne vous maudit, si vous lui avez pardonné, vous ne lui rendez pas la malédiction mais plutôt la bénédiction.
Savez-vous pourquoi le chrétien doit vivre ainsi ? C’est parce que nous sommes la lumière du monde (Matthieu 5/14). Et c’est l’amour qui vous permet de demeurer dans cette lumière (1 Jean 2/9-11). Plus vous manifestez l’amour, plus votre lumière luira. Or la lumière ne luit pas dans la lumière, mais elle luit dans les ténèbres (Jean 1/5). C’est pourquoi Dieu permet que des méchancetés, des œuvres ténébreuses viennent contre vous, de sorte que vous manifestiez l’amour, c’est-à-dire la lumière et que le méchant voie vos œuvres et vienne à la repentance. Mais si vous rendez le mal pour le mal, vous n’êtes pas fils de Dieu. Car c’est à l’amour que l’on reconnait les fils de Dieu, les disciples de Jésus- Christ (Jean 13/35).
Que cela soit notre partage, par la grâce de Dieu et par l’aide du Saint-Esprit qui demeure en nous. Amen !